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Tout nous incite à mettre fin à la vision d'une

                 nature non humaine et d'un homme non naturel                                                                              Serge Moscovici

De 1970 à 1982, mon image était essentiellement non figurative.  J'accordais alors beaucoup d'importance à la couleur, au geste, au jeu des formes et au découpage de l'espace pictural. Je voulais que mes tableaux témoignent d'une harmonie expressive de la ligne et de la couleur. Il n'y avait pas de construction préétablie. Le tableau se bâtissait, se fabriquait au fur et à mesure, par pulsion.

À cette écriture se sont joints certains éléments à connotations architecturales. Cela eut pour conséquence d'apporter de nouvelles trajectoires plastiques à explorer. L'utilisation de l'architecture dans le tableau insuffla une dimension figurative à l'image et révéla une préoccupation plus formelle. Toutefois, l'image conserva certaines caractéristiques antérieures, sa liberté gestuelle et sa force expressive. La composition de la surface du tableau s’étalait par strates que l'oeil devait parcourir d'une façon discontinue et séquentielle.

Par la suite s'est ajoutée une nouvelle préoccupation: l’étude du  comportement humain vu à travers le monde équin.


 

Ainsi la figure iconique du cheval devient-elle petit à petit l'élément principal de l'image et le centre d'intérêt de ma recherche. À partir de ce moment se développe une image  construite sur la plasticité et la symbolique d’objets du monde équin. En plus de questionner les caractéristiques des  objets, l'écriture de cette nouvelle approche a permis d’établir un jeu interactif entre les signes dans l’espace pictural du tableau et à la peinture de conserver toute sa force vitale.

Le caractère prospectif de mon travail en peinture se trouve alors soumis à deux impératifs, c’est-à-dire  un nouveau modèle de rapports  entre la forme et l’espace et entre la figuration et l’abstraction, pour construire une connivence axée sur l’enfoui et l’identifiable.

Comme le disait De Staël, « il y a toujours un sujet qu’on le veuille ou non ».

Au risque d’une présence emblématique, la constante thématique que l’on pourrait croire escamotée dans certains tableaux immisce sa présence par l’évocation de motifs esquissés en filigrane qui en constituent l’ossature.

Offertes à la subjectivité du spectateur, les formes fossilisées, métamorphosées disparaissent et reviennent simultanément dans l’espace du tableau. Elles évoluent au rythme des fantaisies picturales pour s’inscrire par couches successives de couleurs dans un univers de représentations toujours conflictuelles. L’image qui en résulte oscille entre la figuration et la non-figuration. Les tableaux traduisent une approche picturale construite autour du visible et de l’invisible, du connu et de l’inconnu, de l’inscription et de l’effacement.

Tandis que le tableau s’offre de ce fait à la multiplicité des découpages visuels, le corps initial devenu ubiquiste incite le spectateur à décoder les formes délibérément fractionnées, sectionnées et stylisées. Il incombe dès lors à celui-ci de dépasser l’interprétation figurative, parfois ambiguë et restrictive, pour s’adonner à une spéculation sur la poétique de l’image. À lui de retracer la genèse du tableau à travers les multiples variations auxquelles il est confronté.

 

Et finalement depuis plus d’une quinzaine d’années j’utilise la photographie et l’informatique. Tout en étant fidèle à ces procédés de fabrication l’image s’ouvre aux possibilités illimitées offertes par le numérique. Dès lors, elle met l’accent sur l’être humain dans ses lieux de vie… le paysage naturel et culturel. 

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